La musique Psaltique (Part II)



3. Les gammes
La gamme est la succession ascendante ou descendante des notes  πα, βού, γα, δι, κε, ζω, νι. Et  νι, ζω, κε, δι, γα, βού, πα (pa, vou, ga, dhi, ké, zo, ni).
La gamme de la psaltique s’étend sur 68 commas[1]. Certains trouvent, selon la théorie de Pythagore que toute la gamme se compose de 72 commas, tandis que la musique orientale prétend qu’elle est composée de 54 commas.

Entre ces théories, il paraît être utile d’envisager le problème de point de vue pratique et courant, là où la majorité consente (surtout chez les melkites) sur la théorie des 68 commas.



3.1. Principes constitutifs de la gamme
On appelle intervalle la distance du ton entre deux sons : la distance du ton entre πα et βού, πα et γα, πα et δι, πα et κε, πα et νι, πα et πά[2], est un intervalle.
La valeur des intervalles entre les différentes notes de la gamme est exprimée par un nombre plus ou moins élevé selon l’intervalle plus ou moins distant entre la note inférieur et la note immédiatement supérieure. Ainsi, l’intervalle entre πα et βού sera exprimé par 3, 7, 9, 12, ou 18, selon que la distance du ton entre ces deux notes sera plus ou moins grande.

Les Grecs ont donc divisé l’intervalle d’une octave de πα à πά en 68 degrés. L’intervalle entre une note et l’autre immédiatement supérieure ou inférieure sera donc exprimé par un nombre plus ou moins grand de ces degrés. Il peut être de trois à 21 selon les notes et le système de gamme employée. Les intervalles les plus usités sont : 3, 7, 9, 12, 18. 

La gamme ou échelle (κλίμαξ) se compose de séries de 5, 4, ou 3 notes qui présentent des intervalles analogues. Ainsi lorsque les intervalles entre νι, πα, βού, γα, δι sont successivement 12, 9, 7, 12, les intervalles entre δι, κε, ζω, νι, πά sont aussi 12, 9, 7, 12. Et alors on a le pentacorde (πεντάχορδον car il y a 5 notes) ou (τρολός: roue). Nous avons 4 intervalles analogues se présentant dans le même ordre, un ton fort (12), un ton moyen (9), un ton faible (7).
Lorsque les intervalles entre les quatre notes νι, πα, βού, γα sont 12, 9, 7, les intervalles entre γα, δι, κε, ζω sont aussi 12, 9, 7  et on a le tétracorde (τετράχορδον car il y a quatre notes), ou la triphonie (τριφονία) nous avons trois intervalles se succédant dans le même ordre: un ton fort (12), un ton moyen (9) et un ton faible (7).

Lorsque les intervalles entre νι, πα, βού sont 9, 12 ils ressemblent approximativement aux intervalles entre βού, γα, δι (7, 12); δι, κε, ζω (9, 12); βού, πά, νι, (7, 12) et on a le tricorde (τρίχορδον, car il y a trois notes) où la diphonie (διφονία) composée de séries de deux  intervalles dont l’un est un ton faible, et l’autre un ton fort.

Tel est le principe fondamental des trois gammes usitées en grec. La gamme diatonique qui suit le pentacorde, la gamme enharmonique qui suit le tétracorde, et la gamme chromatique  qui suit le tricorde.

Comme la musique moderne n’a que deux sortes d’intervalles : le ton et le demi-ton, le premier de ces intervalles sera exprimé par 11,33 et le second par 5.66… On obtient ce nombre en représentant l’octave de do a do  par 68 aigres comme en psaltique, et alors 68 divisé par 6 ton (5 ton et deux demi tons) donnent 11.33… pour la valeur du ton. La comparaison de la musique moderne à la Psaltique fera mieux saisir les rapports que ces deux musiques peuvent avoir entre elles.   
         
4. Signes des notes
    Pour désigner les notes de la psaltique on se sert de divers signes, qui indiquent l’égalité des sons ou les différents intervalles entre la note précédente et celle qui suit immédiatement. Pour lire donc les notes, il faut connaître la valeur des signes et pouvoir se situer sur la note chantée, en tenant compte des variations précédentes.
Pour savoir par quelle note commence un morceau de chant, on se sert de signes appelés clefs. Ils sont composés de deux caractères, dont l’un indique la note et l’autre la nature des intervalles. Voici les clefs principales :

πα                      
βού      
γα
δι
κε
ζω
νι

4.1 Orthographe de l’Ison
L’Ison peut s’écrire après tout les caractères musicaux, excepté le Pétasti
Quand l’Ison est écrit sur Olighon        ou sur pétasti         , ceux-ci perdent leur valeur propre et ne servent plus que comme signes de modulation.

  4.1.1 Emploi de l’Ison avec les signes de mesure
·        Le Klasma est toujours placé au dessus de Ison :
L’Apli et ses composés se mettent toujours au dessous de Ison :

·          L’Apli n’est jamais employé seul avec Ison.
·        Le Ghorghon se met indistinctement au dessus ou au dessous de Ison :
·        L’Arghon n’est jamais employé avec Ison.

4.1.2 Emploi de l’Ison avec les signes de modulation
·        Avec Varia       , Psiphiston        , et Petasti
Quand l’Ison est suivi d’une seule note descendante :

_si cette note est homosyllabe, on met Varia avant Ison
_si cette note est hétérosyllabe, on met Petasti sous Ison


Mais si Ison accompagne une note non accentuée, on supprime Petasti.

« Notons là qu’il y a différents signes de modulations de  la voix. Ces signes ne se chantent pas tous de la même manière, et de plus ils sont souvent accompagnés de caractères indiquant une modulation de la voix :
- Varia             qui indique que l’on doit attaquer plus fortement la note qui suit.
- Omalon         ajoute à la note sous laquelle il est écrit une ondulation rapide de la voix semblable à un coup de gosier.
- Andikenoma indique que l’Olighon sous lequel il est écrit doit se chanter légèrement
- Psyfiston       fait appuyer la voix sur la note sous laquelle il est écrit.
- Eteron           unit les notes ascendantes avec les notes descendantes, ou les différentes avec un Ison.
- Endhofonon  indique que la note sous laquelle il est écrit doit se chante la bouche fermée[3] ».

4.2 Olighon         , Petasti         ,Kendimata       .
Ces signes servent à hausser la voix d’une note.
L’Olighon exige un son détaché et libre. Sous ce signe on peut écrire une syllabe.
Le Petasti exige lui aussi un son detaché, mais avec une modulation rapide au dessus du ton normal. Il doit être aussi suivi d’une note descendante. 
Le Kendimata exige un son lié et doux, et ne se met jamais au début ou a la fin d’une phrase musicale, ni au début d’une ligne ou d’un frappé (temps fort). Quand il est suivit d’une note descendante, il est placé sur Olighon. Le Kendimata ne reçoit jamais de syllabes propres et ne s’écrit sur Petasti que s’il est accompagné d’une note ascendante.

4.3 Notes employées aujourd’hui avec l’indication de leur valeur
Notes ascendantes
Ison                                               0
Olighon                                         1
Petasti                                           1
Kendidmata                                  1
Kendima                                        2
Ipsily                                              4

Notes descendantes
Apostrophos                                  1
Iporoï                                            1+1
Elaphron                                       2
Khamili                                         4                          

4.3.1 Quand plusieurs signes sont écrits ensemble de manière à ne former qu’une seule figure, on doit en évoluer la valeur d’après les trois règles suivantes :
1.      Un signe ascendant ajoute sa valeur à un autre signe ascendant.
2.      Un signe descendant ajoute sa valeur à un autre signe descendant.
3.      Un signe ascendant uni à un signe descendant ou à l’Ison perd sa valeur. Ex. Ipsily sur Petasti ou sur Olighon.

NB. L’Olighon perd sa valeur quand le Kendima est placé à sa droite ou au dessous de lui. Ex.


[1]   Larousse, dictionnaire encyclopédique, nom communs, paris, 1994 p.247 : fraction de ton théorique et      imperceptible 1/8 ou 1/9 selon la gamme envisagée ; ex. : entre ré dièse et mi bémol.
[2]   Πά est la note de l’octave  (avec un accent sur le ά), c’est donc le ré 4 dans le système occidental.
[3]  P. Antoine Chikri, Précis d’orthographe de la musique byzantine, scolasticat St. Paul, Harissa, 1954,     p.2

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